2023

The Mechanical Turk

Exposition Hypergénène avec David Munoz, La Plateforme, Paris
Avec le soutien de François Ronsiaux

AI image generation

EN

The new world of generative AIs may seem dematerialized, but in reality it takes us back to bodies subjected to intensive mechanical and bureaucratic labor. Huge rooms filled with « micro » workers, whose Sisyphean task is to label AI data and sort out the most indecent content on the Internet. Hidden from Western eyes in Kenya, India or Venezuela, these employees of Samasource, Majorel, Playment, or of course Amazon, often American companies, describe their working conditions as unbearable, from union-busting to the traumas imposed by the endless confrontation of the web’s intolerable content. Bodies are still working against the machines of the Industrial Revolution, while Poe looks on, knowing all the tricks of the Mechanical Turks.

Text by Camille Sauer and David Munoz :

In the exhibition entitled « Hypergénèse, » David Munoz and Raphaël Fabre orchestrate a complex visual dialectic in which the territories of proliferative excess mingle with ecological and technological questioning. Drawing on the rhetoric of hyperobjects, David Munoz creates algorithmic landscapes that function as digital embodiments of hypergenesis – abstractions deeply rooted in installation works based on generative images, linocuts and video. At the same time, Raphaël Fabre immerses us in saturated digital universes, cartographies of our ethical and environmental ambiguities. The two artists create an intellectual mosaic where the tangible and the simulated collide and dialogue. « Hypergenesis » is a crucial aesthetic intervention, encouraging viewers to navigate between conceptual spheres often considered antithetical.

FR

Si le nouveau monde des IA génératives nous semble dématérialisé, il nous renvoie en réalité aux corps soumis aux labeurs intensifs, tout autant mécaniques que bureaucratiques. D’immenses salles remplies de « micro » travailleuses et travailleurs, dont la tâche sisyphéenne est de labéliser les données des IA, et de trier les contenus les plus indécents d’internet. Cachés des yeux occidentaux au Kenya, en Inde ou au Venezuela, ces employés de Samasource, Majorel, Playment, ou bien sûr Amazon, entreprises souvent américaines, décrivent leurs conditions de travail comme insoutenables, du cassage de syndicats aux traumas imposés par l’infinie confrontation des contenus intolérables du web. Les corps travaillent encore toujours face aux machines de la Révolution Industrielle, pendant que Poe nous regarde, connaissant tous les artifices des Turcs Mécaniques.

Texte de Camille Sauer et David Munoz :

Dans l’exposition intitulée « Hypergénèse, » David Munoz et Raphaël Fabre orchestrent une dialectique visuelle complexe où les territoires de l’excès prolifératif se mêlent à des questionnements écologiques et technologiques. David Munoz, puisant dans la rhétorique des hyperobjets, crée des paysages algorithmiques qui fonctionnent comme des incarnations numériques de l’hypergénèse — des abstractions profondément enracinées dans des œuvres installatives à base d’images génératives, de linogravure et de vidéo. Parallèlement, Raphaël Fabre nous immerge dans des univers numériques saturés, cartographies de nos ambiguïtés éthiques et environnementales. Les deux artistes, engendrent une mosaïque intellectuelle où le tangible et le simulé entrent en collision et dialogue. « Hypergénèse » s’impose alors comme une intervention esthétique cruciale, incitant le spectateur à naviguer entre des sphères conceptuelles souvent considérées comme antithétiques.